Intuition nous vient d'Intuitio, qui signifie Regard, Coup d'oeil. Percevoir serait donc Voir en perçant ? L'etymologie de percevoir nous indique Remarquer (1). Voir, remarquer, seraient un premier pas pour activer l'intuition. .
Et que faisons-nous quand nous voyons ? Rappelez-vous la dernière fois que vous avez admiré un tableau de maître, par exemple. Que cherchiez-vous à faire ? Comprendre ce que le maître avait voulu transmettre (Pourquoi cette forme, cette perspective, pourquoi cet angle, ce mariage de couleurs ?), relier ce que vous regardiez à vos émotions (Ça me plaît, ça ne me plaît pas, ça déclenche chez moi du plaisir, de la surprise), et vous construire ainsi une opinion.(C'est un beau tableau, c'est un mauvais tableau). Et c'est là que commence la confusion. Nous mélangeons émotion, observation, intuition, jugement. Alors, lorsque nous "percevons" une information, nous commençons par la relier à d'autres relais qui brouillent du coup notre perception efficace.
Certains accorderont plus d’importance à leur émotion (cerveau droit) ; d’autres, à leur observation
rationnelle (cerveau gauche). En revanche, quelles que soient nos préférences cérébrales, nous nous construirons un cadre de référence qui nous permettra de nous faire une opinion plus vite et de manière plus fine. C'est ce qui nous permet d'acquérir de l'expérience, de la compétence à mieux réagir ensuite aux événements. Nos capacités d’observation s’enrichissent en effet de notre expérience : plus on observe, mieux on observe ! Il est à noter que ce qui est décrit pour le canal visuel est tout aussi valable pour nos autres modes de perception.
Nous verrons plus tard que le mécanisme est le même et que nous sommes capables d’entraîner ces autres modes de perception pour rendre notre intuition encore plus fine et efficace.
Cela dit, chacun d’entre nous utilise son intuition tous les jours. Nous apprenons d’ailleurs à nous en servir
intuitivement… Il n’y a pas de matière « Intuition » enseignée à l’école ! Toutes nos expériences nous servent
à nourrir le stock d’informations dans lequel nous irons puiser pour déclencher notre intuition lors de futures
expériences. Chaque fois que nous vivons une expérience, nous remplissons inconsciemment notre banque
de données. L’intuition, c’est d’abord du stockage d’informations avant d’être cette sorte de sens caché inexplicable et qu’on assimile trop souvent à la magie.
Les grands joueurs d’échecs ont en tête des milliers de combinaisons qu’ils ont déjà rencontrées. D’un coup d’oeil, ils photographient l’échiquier, comparent cette photo à toutes les autres qu’ils ont emmagasinées lors des parties précédentes, et ils décident ensuite de bouger telle pièce. Plusieurs coups d’avance, ils prévoient ce que l’adversaire fera. Les chefs cuisiniers, eux aussi, stockent en permanence des informations sur la qualité, le choix des ingrédients, les quantités, les temps de cuisson, les couleurs, afin de marier les mets entre eux pour parvenir à ce qu’ils souhaitent. Et puis, si l’on parle de la vision, les photographes professionnels sont aussi bien placés pour savoir que leur intuition est un puissant vecteur d’efficacité.
Pour reprendre l’exemple du tableau de maître, lorsque nous regardons quelque chose, nous cherchons à
relier ce que nous percevons et l’émotion qui y est associée. Ce mécanisme est le même lorsque nous écoutons un morceau de musique, goûtons un plat, touchons un vêtement ou sentons un parfum. Notre expérience a donc cela de positif qu’elle nous permet de juger plus vite et mieux. En revanche, elle nous entraîne aussi à avoir des a priori, des préjugés sur les choses, les situations, les gens, et peut ainsi tromper notre perception. L’intuition semble liée à une façon différente de percevoir ce qui nous entoure.
Alors, je vous propose un exercice à pratiquer lorsque vous observez quelque chose ; une situation, une opportunité, un objet, une personne.
Regardez cette image et notez ce qui vient à votre esprit en premier
Cette image déclenche-t-elle pour vous ? ;
Dans les deux premiers cas, vous avez fait appel à vos émotions.
Dans le cas où vous avez pensé aux réponses 3, 4 ou 5, vous avez fait appel à votre objectivité
Dans le cas où vous avez pensé aux réponses 6 ou 7, vous avez fait appel à votre jugement
Le jugement, l'opinion, l'évaluation fait partie de nos bases. Il nous a toujours été demandé d'avoir des opinions sur tout ; "Qu'est-ce que tu penses de ça ?" "C'est bien ou pas bien?" "Mieux ou moins bien? ". Il est à considérer que cela nous permet aussi de vivre, de nous créer un cadre de référence pour mieux agir. L'opinion ou le jugement ne sont pas des réflexes à bannir ; il s sont juste des réflexes à maîtriser.
Voir les choses comme "d'en haut" permet de diminuer les émotions et les jugements. Mais le premier pas commence par le jugement parce qu'il est naturel et parfois confusant.
Quelques conseils donc pour transformer les jugements, sans vouloir les empêcher ;
- Si vous pensez "C'est beau", dites-vous "Ça me plait" (émotions) ou "Pourquoi trouvez-vous cela beau ?"(objectivité)
- Si vous pensez "Ce n'est pas beau", dites-vous "Ça ne me plait pas" (émotions) ou "Pourquoi ne trouvez-vous pas cela beau ?"(objectivité)
- Si vous pensez "C'est bien", dites-vous "Ça me convient" (émotions) ou "Pourquoi trouvez-vous cela bien ?"(objectivité)
- Si vous pensez "C'e n'est pas bien", dites-vous "Cela ne me convient pas" (émotions) "Pourquoi ne trouvez-vous pas cela bien ?"(objectivité)
- Si vous pensez "C'est mieux", dites-vous "Je préférerais"(émotions) ou "Pourquoi trouvez-vous cela mieux ?"(objectivité)
- Si vous pensez "C'est pire", dites-vous "J'aurais peur" (émotions) ou "Pourquoi ne trouvez-vous pas cela mieux ?"(objectivité)
Aucun doute que, pour Épictète, un « instruit » est un éveillé ! « Ce ne sont pas les choses qui troublent les hommes, mais l’opinion qu’ils en prennent : comme la mort, elle, n’a rien de fâcheux […], c’est l’opinion
qu’on en a qui est fâcheuse. Donc, quand nous serons empêchés et troublés, n’accusons personne que
nous-mêmes, c’est-à-dire, notre opinion. »
Le jugement se place dans un cadre de dualité : bien/mal, coupable/innocent, interdit/autorisé. L’opinion nous demande de prendre position, d’un côté ou de l’autre d’une dualité. En cela, l’opinion est pernicieuse. En effet, pourquoi, par exemple, serait-il bien de réussir et mal d’échouer ? Et à quoi cela nous avance-t-il de répondre à cette question ?
Un jour, une personne qui participait à une session de formation au management et qui avait fait toute sa carrière dans la Marine m’a dit : « On m’a toujours appris ce qui est blanc et ce qui est noir. Maintenant, j’ai envie d’apprendre ce qu’est le gris. » Avancer sur le chemin en être éveillé, c’est bannir toute opinion ou s’autoriser les jugements sans s’y attacher. Se placer en position médiane, entre les polarités d’une dualité, permet de considérer ce qui nous arrive avec détachement. Dans cette file d’attente, vous pourriez vous dire, par exemple : « Pourquoi les événements me demandent-ils d’attendre, alors que j’ai un rendez-vous important ? Qu’est-ce que cela signifie ? Ce n’est ni bon ni mauvais. C’est en train de m’arriver, voilà tout. En attendant, que puis-je faire ? Que puis-je en retirer ? » Tout ce que vous observerez, tout ce que vous
ferez, tout ce que vous apprendrez à ce moment-là sera de toute manière plus intéressant que l’énergie que vous perdriez à vous mettre en colère. S’abstenir de juger les expériences que vous vivez, les personnes qui vous entourent, les événements qui vous marquent vous permet d’avancer plus sereinement. Placez votre énergie sur ce que vous pouvez en apprendre et non sur l’opinion que vous en avez. À quoi cela vous avance-t-il de vous dire que le choix que vous avez fait est bon ou mauvais ? N’est-il pas préférable de vous demander pour quelles raisons vous avez fait ce choix, et ce que vous en retirez ? À quoi cela vous avance-t-il de vous dire que les transports en commun vous empêcheront d’arriver à l’heure à tel rendez-vous si important ? N’est-il pas préférable de vous demander ce que vous pouvez faire pour gérer cet imprévu ? À quoi cela vous avance-t-il de juger la personne qui vient de vous prendre votre place de parking, alors que
vous aviez mis votre clignotant pour signaler que vous alliez vous garer ? N’est-il pas préférable de descendre de voiture et d’aller voir cette personne pour lui expliquer la situation calmement, avec un grand sourire ? Vous perdez votre temps et votre énergie à vous forger des opinions sur tout et sur tous. Avancez, expérimentez, corrigez le tir : vous y gagnerez en efficacité et en sérénité.
Extraits de "Auto-coaching Efficace" Yann Coirault- Editions de l'Homme. 2011
(1) http://www.cnrtl.fr/etymologie/percevoir
Et que faisons-nous quand nous voyons ? Rappelez-vous la dernière fois que vous avez admiré un tableau de maître, par exemple. Que cherchiez-vous à faire ? Comprendre ce que le maître avait voulu transmettre (Pourquoi cette forme, cette perspective, pourquoi cet angle, ce mariage de couleurs ?), relier ce que vous regardiez à vos émotions (Ça me plaît, ça ne me plaît pas, ça déclenche chez moi du plaisir, de la surprise), et vous construire ainsi une opinion.(C'est un beau tableau, c'est un mauvais tableau). Et c'est là que commence la confusion. Nous mélangeons émotion, observation, intuition, jugement. Alors, lorsque nous "percevons" une information, nous commençons par la relier à d'autres relais qui brouillent du coup notre perception efficace.
Certains accorderont plus d’importance à leur émotion (cerveau droit) ; d’autres, à leur observation
rationnelle (cerveau gauche). En revanche, quelles que soient nos préférences cérébrales, nous nous construirons un cadre de référence qui nous permettra de nous faire une opinion plus vite et de manière plus fine. C'est ce qui nous permet d'acquérir de l'expérience, de la compétence à mieux réagir ensuite aux événements. Nos capacités d’observation s’enrichissent en effet de notre expérience : plus on observe, mieux on observe ! Il est à noter que ce qui est décrit pour le canal visuel est tout aussi valable pour nos autres modes de perception.
Nous verrons plus tard que le mécanisme est le même et que nous sommes capables d’entraîner ces autres modes de perception pour rendre notre intuition encore plus fine et efficace.
Cela dit, chacun d’entre nous utilise son intuition tous les jours. Nous apprenons d’ailleurs à nous en servir
intuitivement… Il n’y a pas de matière « Intuition » enseignée à l’école ! Toutes nos expériences nous servent
à nourrir le stock d’informations dans lequel nous irons puiser pour déclencher notre intuition lors de futures
expériences. Chaque fois que nous vivons une expérience, nous remplissons inconsciemment notre banque
de données. L’intuition, c’est d’abord du stockage d’informations avant d’être cette sorte de sens caché inexplicable et qu’on assimile trop souvent à la magie.
Les grands joueurs d’échecs ont en tête des milliers de combinaisons qu’ils ont déjà rencontrées. D’un coup d’oeil, ils photographient l’échiquier, comparent cette photo à toutes les autres qu’ils ont emmagasinées lors des parties précédentes, et ils décident ensuite de bouger telle pièce. Plusieurs coups d’avance, ils prévoient ce que l’adversaire fera. Les chefs cuisiniers, eux aussi, stockent en permanence des informations sur la qualité, le choix des ingrédients, les quantités, les temps de cuisson, les couleurs, afin de marier les mets entre eux pour parvenir à ce qu’ils souhaitent. Et puis, si l’on parle de la vision, les photographes professionnels sont aussi bien placés pour savoir que leur intuition est un puissant vecteur d’efficacité.
Pour reprendre l’exemple du tableau de maître, lorsque nous regardons quelque chose, nous cherchons à
relier ce que nous percevons et l’émotion qui y est associée. Ce mécanisme est le même lorsque nous écoutons un morceau de musique, goûtons un plat, touchons un vêtement ou sentons un parfum. Notre expérience a donc cela de positif qu’elle nous permet de juger plus vite et mieux. En revanche, elle nous entraîne aussi à avoir des a priori, des préjugés sur les choses, les situations, les gens, et peut ainsi tromper notre perception. L’intuition semble liée à une façon différente de percevoir ce qui nous entoure.
Alors, je vous propose un exercice à pratiquer lorsque vous observez quelque chose ; une situation, une opportunité, un objet, une personne.
Regardez cette image et notez ce qui vient à votre esprit en premier
Source http://www.sxc.hu |
- de la surprise,
- du dégoût ou de l'attirance
- de l'incompréhension
- des souvenirs
- de la recherche d'informations supplémentaires ("Est-ce une image réelle ou virtuelle ?", ou "Pourquoi cette image?")
- des réflexions du genre ; "C'est une fausse image"
- une réflexion du type ; "La photo est trop sombre"
Dans les deux premiers cas, vous avez fait appel à vos émotions.
Dans le cas où vous avez pensé aux réponses 3, 4 ou 5, vous avez fait appel à votre objectivité
Dans le cas où vous avez pensé aux réponses 6 ou 7, vous avez fait appel à votre jugement
Le jugement, l'opinion, l'évaluation fait partie de nos bases. Il nous a toujours été demandé d'avoir des opinions sur tout ; "Qu'est-ce que tu penses de ça ?" "C'est bien ou pas bien?" "Mieux ou moins bien? ". Il est à considérer que cela nous permet aussi de vivre, de nous créer un cadre de référence pour mieux agir. L'opinion ou le jugement ne sont pas des réflexes à bannir ; il s sont juste des réflexes à maîtriser.
Voir les choses comme "d'en haut" permet de diminuer les émotions et les jugements. Mais le premier pas commence par le jugement parce qu'il est naturel et parfois confusant.
Quelques conseils donc pour transformer les jugements, sans vouloir les empêcher ;
- Si vous pensez "C'est beau", dites-vous "Ça me plait" (émotions) ou "Pourquoi trouvez-vous cela beau ?"(objectivité)
- Si vous pensez "Ce n'est pas beau", dites-vous "Ça ne me plait pas" (émotions) ou "Pourquoi ne trouvez-vous pas cela beau ?"(objectivité)
- Si vous pensez "C'est bien", dites-vous "Ça me convient" (émotions) ou "Pourquoi trouvez-vous cela bien ?"(objectivité)
- Si vous pensez "C'e n'est pas bien", dites-vous "Cela ne me convient pas" (émotions) "Pourquoi ne trouvez-vous pas cela bien ?"(objectivité)
- Si vous pensez "C'est mieux", dites-vous "Je préférerais"(émotions) ou "Pourquoi trouvez-vous cela mieux ?"(objectivité)
- Si vous pensez "C'est pire", dites-vous "J'aurais peur" (émotions) ou "Pourquoi ne trouvez-vous pas cela mieux ?"(objectivité)
Aucun doute que, pour Épictète, un « instruit » est un éveillé ! « Ce ne sont pas les choses qui troublent les hommes, mais l’opinion qu’ils en prennent : comme la mort, elle, n’a rien de fâcheux […], c’est l’opinion
qu’on en a qui est fâcheuse. Donc, quand nous serons empêchés et troublés, n’accusons personne que
nous-mêmes, c’est-à-dire, notre opinion. »
Le jugement se place dans un cadre de dualité : bien/mal, coupable/innocent, interdit/autorisé. L’opinion nous demande de prendre position, d’un côté ou de l’autre d’une dualité. En cela, l’opinion est pernicieuse. En effet, pourquoi, par exemple, serait-il bien de réussir et mal d’échouer ? Et à quoi cela nous avance-t-il de répondre à cette question ?
Un jour, une personne qui participait à une session de formation au management et qui avait fait toute sa carrière dans la Marine m’a dit : « On m’a toujours appris ce qui est blanc et ce qui est noir. Maintenant, j’ai envie d’apprendre ce qu’est le gris. » Avancer sur le chemin en être éveillé, c’est bannir toute opinion ou s’autoriser les jugements sans s’y attacher. Se placer en position médiane, entre les polarités d’une dualité, permet de considérer ce qui nous arrive avec détachement. Dans cette file d’attente, vous pourriez vous dire, par exemple : « Pourquoi les événements me demandent-ils d’attendre, alors que j’ai un rendez-vous important ? Qu’est-ce que cela signifie ? Ce n’est ni bon ni mauvais. C’est en train de m’arriver, voilà tout. En attendant, que puis-je faire ? Que puis-je en retirer ? » Tout ce que vous observerez, tout ce que vous
ferez, tout ce que vous apprendrez à ce moment-là sera de toute manière plus intéressant que l’énergie que vous perdriez à vous mettre en colère. S’abstenir de juger les expériences que vous vivez, les personnes qui vous entourent, les événements qui vous marquent vous permet d’avancer plus sereinement. Placez votre énergie sur ce que vous pouvez en apprendre et non sur l’opinion que vous en avez. À quoi cela vous avance-t-il de vous dire que le choix que vous avez fait est bon ou mauvais ? N’est-il pas préférable de vous demander pour quelles raisons vous avez fait ce choix, et ce que vous en retirez ? À quoi cela vous avance-t-il de vous dire que les transports en commun vous empêcheront d’arriver à l’heure à tel rendez-vous si important ? N’est-il pas préférable de vous demander ce que vous pouvez faire pour gérer cet imprévu ? À quoi cela vous avance-t-il de juger la personne qui vient de vous prendre votre place de parking, alors que
vous aviez mis votre clignotant pour signaler que vous alliez vous garer ? N’est-il pas préférable de descendre de voiture et d’aller voir cette personne pour lui expliquer la situation calmement, avec un grand sourire ? Vous perdez votre temps et votre énergie à vous forger des opinions sur tout et sur tous. Avancez, expérimentez, corrigez le tir : vous y gagnerez en efficacité et en sérénité.
(1) http://www.cnrtl.fr/etymologie/percevoir
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